Ces espèces oubliées : les amphibiens et reptiles de la Haute-Côte-Nord
Saviez-vous qu’au Québec, on ne retrouve que 38 espèces de reptiles et d’amphibiens ? Cette diversité moindre pourrait s’expliquer par le fait que ces espèces sont des ectothermes, c’est-à-dire qu’ils ont besoin d’un apport de chaleur externe puisqu’ils ont le ‘’sang froid’’ alors que nous, les humains, sommes en mesure de maintenir la chaleur de notre corps constante par la thermorégulation. Au Québec, la température ambiante peut donc être une contrainte majeure à leur survie. Malheureusement, ce sont aussi les deux groupes avec la plus grande proportion d’espèces en péril. En effet, plus de 50% d’entre elles se retrouvent sur la liste des espèces fauniques menacées ou vulnérables du Québec.
Cette liste, qui détermine si une espèce possède un statut particulier ou non (menacée, vulnérable ou susceptible de le devenir), est régie par la Loi sur les espèces menacées ou vulnérables (LEMV). Cette loi permet de mieux protéger les espèces en danger en leur offrant un statut de protection légal. Elle restreint aussi certaines activités humaines qui pourraient affecter une espèce faunique ou floristique menacée ou vulnérable ou encore son habitat.
En Haute-Côte-Nord, les espèces de reptiles et d’amphibiens présentes ne se retrouvent pas encore dans une situation précaire en raison d’un plus faible taux de grands centres urbains par rapport aux villes plus au sud. Toutefois, il est essentiel de prendre les précautions nécessaires pour ne pas que cette situation peu enviable se reproduise ici. Les reptiles (tortues, serpents et couleuvres) et les amphibiens (salamandres, tritons, nectures, grenouilles, rainettes et crapauds) sont très sensibles à l’activité humaine et plusieurs facteurs peuvent avoir des impacts sur la pérennité de ces espèces. Parmi les plus communs, on retrouve la perte et la fragmentation d’habitats causés par l’urbanisation. En effet, plus l’étalement urbain est grand, plus la destruction des habitats essentiels aux reptiles et amphibiens (beaucoup de milieux humides dont des marais, des étangs et des marécages) est grande. L’expansion des villes par la construction d’habitations et de routes à un impact considérable sur la survie de ces petits animaux qui n’ont bien souvent pas un grand domaine vital (espace dont ils ont besoin pour se reproduire et croître). La mortalité accidentelle (VTT, automobiles, machinerie agricole), l’utilisation intensive de polluants industriels, agricoles et domestiques venant altérer la qualité de l’eau, de l’air et des sols et l’exploitation des milieux naturels (coupes forestières, hydroélectricité, agriculture, etc.) sont tous des facteurs qui ont causé et qui causeront le déclin de plusieurs espèces d’amphibiens et de reptiles.
Il est essentiel de comprendre que certains petits gestes peuvent être posés afin de protéger ces animaux exceptionnels. Par exemple, il pourrait être intéressant d’élaborer un aménagement de votre cour arrière permettant le maintien d’habitats d’amphibiens, comme les mares ou les étangs, au lieu de les drainer systématiquement. De plus, juste le fait de signaler en ligne vos observations à l’Atlas des amphibiens et reptiles du Québec peut être une manière efficace d’accroître la base de données concernant ces espèces dans la région et ainsi en faciliter la protection dans le futur.
Lors d’une balade en forêt, il vous serait possible d’observer ou d’entendre certains amphibiens comme le triton vert, la salamandre à points bleus, la salamandre maculée, la salamandre à deux lignes, la salamandre cendrée, le crapaud d’Amérique, la rainette crucifère, la grenouille des bois, la grenouille léopard, la grenouille du Nord ou encore la grenouille verte. Pour ce qui est des reptiles, vous avez probablement déjà croisé une couleuvre rayée : elle est très commune ici et peut atteindre jusqu’à 1 m! La couleuvre à ventre rouge est aussi présente à plusieurs endroits. Si vous rêvez d’une rencontre avec une tortue, la serpentine pourrait peut-être se trouver cachée dans un lac ou un marais à eau stagnante ou se faire chauffer au soleil sur une roche pendant le mois de juin.